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Le but de ce site est de faire connaître l’abbaye cistercienne appelée « L'ABBAYE ROYALE DE N0TRE-DAME-DE-VALSAUVE » située dans le département du Gard sur la commune de Verfeuil.


Coordonées géographiques

- Latitude : 44° 8' 32,1" ; décimale : 44,1422° Nord.
- Longitude : 4° 26' 51,2" ; décimale : 4,4476° Est.
- Altitude : 204 m (669 pieds)

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Du XVIII° siècle à la fermeture du convent



Rappel du sommaire chronologique de l'étude

PARTIE I - Origine de Valsauve

VALSAUVE aujourd’hui
Avant l'arrivée des religieuses

X°/XI° Siècle - Emplacement de leurs habitations : Saint-Peyre, Valsauve.
Origine du nom de Valsauve

XII° Siècle - Donation faite par le roi de France Louis VI «le Gros». Année 1117.
Coexistence de religieux et de religieuses

XIII° Siècle
Disparition de la communauté religieuse d’hommes
Les donats.
Fondation du couvent des religieuses ; il suit la règle de Cîteaux.
Donation faite au couvent

valsauve
Bernardines aux moissons
PARTIE II - Histoire des Mères Supérieures à Valsauve

Année 1205. Supérieure du Convent Rainalde et Marie de Toulouse.
Année 1267. Supérieure du Convent. Cécile
Année 1279. Supérieure du Convent. Françoise
L’église de Valsauve sous la gouvernance de Françoise
Année 1308 Supérieure du Convent. Marie-Firmine

XIV° siècle
Sa translation à Bagnols, au XIV° siècle

PARTIE III - Histoire des Abbesses à Bagnols

Année 1342 Abbesse du Convent. Marguerite de la Baume
Année 1375 Abbesse du Convent. Béatrix de Pierre ou de La Pierre

Année 1432 Abbesse du couvent. Ricarde de Gaujac.

XV° Siècle – Historique du couvent des Angustrines
Année 1459 Abbesse du Convent. Jeanne Maurel
Année ? Abbesse du Convent. Jeanne d’lle
Année 1485 Abbesse du Convent. Catherine Maurel

Le XVI° siècle
Année 1513 Abbesse du Convent. Jeanne de Montdragon
XVI° siècle Valsauve est incendié et une partie de ses propriétés est vendue
Année 1524 Abbesse du Convent.Anne de Montdragon.
Construction d'une chapelle à Verfeuil
Aux ruines matérielles succède la ruine morale
Année 1537 Abbesse du Convent. Marguerite d’Albert.
Année 1566 Abbesse du Convent. Anne d’Albert.

Le XVII° siècle
Année 1601 Abbesse du Convent. Jeanne d’Audibert de Lussan.
Année 1605 Abbesse du Convent. Esther d'Audibert de Lussan.
Au milieu du XVII° siècle, une nouvelle union fut sur le point de s'opérer.
Année 1672 Abbesse du Convent. Marie d’Audibert de Lussan.

PARTIE IV - XVIII° siècle débute par un nouveau massacre à Valsauve

Année 1703. Acte de décès des ouvriers massacrés à Valsauve, par les protestants.
Année 1715 Abbesse du Convent. Monique de Cognos de Clèmes
Etat des charges, dettes et revenus de l’abbaye
Année 1761 Abbesse du Convent. N. Dupuy de Montbrun
Vie du couvent au XVIII° siècle
Année 1773 Abbesse du Convent. Thérèse Flore de Seguins Piegon.
Année 1790 Déclaration des biens, titres, revenus et charges de l’abbaye
Déclaration des biens mobiliers et immeubles, revenus et charges de l’abbaye de Bagnols, jadis à Valsauve.
Année 1790 Rapport officiel relatif à l’étendue et à la valeur de la propriété de Valsauve, situé sur la commune de Verfeuil.
Spoliation et expulsion.
Suppression du couvent.
L’abbaye des Bernardine de Valsauve à Bagnols aujourd’hui.



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PARTIE IV - Le XVIII° siècle débute par un nouveau massacre à Valsauve

Année 1703

En 1703, la terre qui joint le corps du bâtiment, servit de cimetière provisoire à plusieurs victimes du fanatisme religieux.
C'était pendant les travaux de la moisson du blé, au milieu du jour, à l'heure des fortes chaleurs. Les moissonneurs et leurs aides, au nombre d'environ trente personnes, hommes et femmes, se reposaient quelques instants, sous l'ombre des arbres, après leur repas, lorsque soudain une bande de Camisards, armés de poignards et de fusils, venus du côté de Lussan, se précipite sur eux et fait une décharge de ses armes à feu. Seize ou dix-sept de ces ouvriers tombent sous les atteintes du plomb meurtrier. Ceux qui ne restèrent pas morts sur-le-champ, furent assommés à coups de bâtons ou poignardés.

Ceux qui n'avaient pas été atteints gravement ou qui avaient échappé aux coups des assassins, prirent la fuite et coururent jeter l’alarme dans les villages voisins.
A cette nouvelle, promptement connue à Saint-Marcel, qui est la paroisse la plus rapprochée de Valsauve, le prieur, M. d'Ornac, fait sonner le tocsin, réunit à la hâte quelques hommes monte à cheval et se dirige rapidement, à la tête de son escorte, vers le lieu du carnage. C'était trop tard, les meurtriers avaient disparu : on ne trouva que les cadavres des victimes.

Le lendemain, 5 juillet, le prieur de Saint-Marcel retourna à Valsauve pour rendre aux défunts le devoir et les honneurs de la sépulture. Une foule nombreuse raccompagna, venue de tous les villages environnants, mêlant ses prières et ses larmes à celles des parents et des amis des victimes. On ensevelit ces morts dans une terre contiguë au couvent ; plus tard, l’abbesse les fit exhumer de ce lieu et déposer leurs restes dans l'église du monastère.

Année 1703. Acte de décès des ouvriers massacrés à Valsauve, par les protestants.

« L'an 1703 et le 4° juillet, les fanatiques tuèrent, à Valsauve, environ 16 ou 17 personnes catholiques qui etaient là au travail de la moisson, tant de Laudun, Cavillargues, et autres endroits ; ils les fusillèrent et après les assommèrent à coups de barre et en poignardèrent aussi plusieurs pour les achever. Je fus le lendemain les ensevelir dans la terre joignant la métairie, et l’abbesse de Valsauve, quelque temps après, les fit déterrer et mettre leurs ossements dans l’église dud. Valsauve. En foy de ce me suis signé.

D’Ornac prieur de S. Marcel.

Requiescant in pace. (Arch, municip, de Saint-Marcel-de-Careiret) »

Monique de Cognos de Clèmes.

Années 1715 à 17...?

Année 1715

Sa nomination et son administration.

Monique de Cognos de Clèmes fut nommée, par le roi Louis XIV, abbesse du monastère de Notre-Dame-de-Valsauve, le 8 juin de l’année 1715.

Sous son administration, on dressa un état des revenus et des charges de son monastère. Nous donnons ce détail ci-après.

Monique eut soin de faire reconnaître les propriétés qui relevaient de son couvent. Cette opération se faisait, en 1730, pour les propriétés situées dans la paroisse de Saint-Marcel-de-Careiret. L'abbesse prend, dans ces actes, les titres d'abbesse du monastère de Valsauve, Saint-Denis de Bagnols et les Angustrines, ordre de Cîteaux, conseigneuresse directe du lieu de Saint-Marcel de Careiret. Etat des charges, dettes et revenus de l’abbaye de Notre Dame-de-Valsauve, dressé le 23 mai 1729.

DETTES ACTIVES DE l'ABBAYE DE VALSAUVE :


Il est dû par M. le duc de Melfort, par obligation reçue Paillon. en 1721 3000 liv.
Et en conséquence de l'assignation que Madame l’abbesse fît donner audit débiteur, les intérêts de cette somme sont dus à cinq pour cent, jusqu'à ce jour, faisant 6 ans, et se montent à 900 liv.
Par M. le chevalier de St-Michel, à constitution de rente, à 3 pour cent 700 liv.
La rente est due depuis 1720 jusqu'à ce jour 189 liv.
Par M. de Nicolay, par son billet 100 liv.
Par le P. Touzard, pour M de Saintauran 150 liv.
TOTAL 5039 liv.

DETTES PASSIVES


De 2 ans à M. Duboit
— intérêts pour la présente année, payés par avance
1000 liv.
50 liv
De 3 ans à M. le prieur de la Bastide
— intérêts payés par avance
1000 liv.
50 liv
De 3 ans à M. de Verfeuil, sans intérêts. 300 liv.
De 4 ans aux P. Chartreux de Villeneuve, sans intérêts. 300 liv.
De 6 ans aux P. Chartreux de Valbone, sans intérêts. 130 liv.
De 3 ans à la veuve Bonnet
— intérêts payés par avance
240 liv.
12 liv
De 1 an à Guillaumier, sans intérêts . 100 liv.
De 2 ans à Frac, de Verfeuil.
— intérêts terme échu à Noël
— au même, sans intérêts
200 liv.
10 liv
80 iv
De 3 ans à Françoise, femme de Régis, sans intérêts. 60 liv.
. De 1 an à Charmasson, sans intérêts
— au sieur Boyer, sans intérêts.
60 liv.
50 liv
De 6 mois à Coste, de la grange. 30 liv.
.De 1 an au vitrier du Saint-Esprit. 35 liv.
. au sieur Maunier, de Viviers 40 liv.
. à la cuisinière, ses gages de 8 années 288 liv.
.à Gabrielle, ses gages de 2 années 60 liv.
à Marguerite, ses gages d'une année. 30 liv.
à Malignon, par madame l’abbesse. 9 liv.
à un revendeur. 45 liv.
au sieur Paillon, pour argent prêté. 38 liv 10 s.
pour fourniture faite tant contre Milord, contre un homme de Saint-Marcel, qui avait volé du bois, que contre M. de Nicolay. 33 liv 15 s.
TOTAL des dettes passives. 4.251 liv. 5 s.
intérêts à déduire, compris dans ce total. 122 liv.
Reste. 4.129 liv 5 s.
Le tout affirmé par madame l'abbesse et quelle ne sait aucune autre somme par elle due, sinon à un homme de Verfeuil . 50 liv.
Aux Carmes, pour le service de Maransan . 40 liv.
pour le médecin et le chirurgien dont le compte n'est pas arrêté.. 104 liv.
RESTE. 4.323 liv 5 s.

Charges de l'Abbaye de Valsauve.
Décimes de Verfeuil et Maransan 102 liv. 16 s
au vicaire de Verfeuil, outre le quart de la disme, pour parfaire sa congrue ou menues dépenses liv
pour l'aumônier. 4 liv 150 s
au clerc. 6 liv
pour le service de Maransan 20 liv
pour le luminaire de l’Eglise 100 liv
pour le droit de visite, contribution et autres, frais de supérieurs 100 liv
des gages des domestiques. 159 liv 10 s
pour le garde-chasse 18
La taille Royale de Bagnols. 30
Celle de Saint-Gervais
Le prédicateur, 28 liv
Total des charges 774 liv. 6 s

Total de tous les revenus ..... 4.292 liv. 6s. 2d

Vérifié et avéré le 29 mars 1729. Sans y comprendre les fonds des troupeaux qui sont à Valsauve et Topian. (Archives départementales du Gard.)

"Mémoire des efaits qui ont esté décipés par Madame l'abbesse."

(L’orthographe original du manuscrit et reproduit pour cette pièce qui date du dix-huitième siècle et ce fut donc probablement vers le milieu de ce siècle que fut dressé le présent mémoire.)



- Trois equelles d'argent, une à feu madame l’abbesse, une de feu madame l’abbesse Dyere et une de feu madame de Saint-Michel.
- Sept couverts d’argent, quilieres et fourchettes, sinq apartenant à la maison et celui de madame Dyere et de Saint-Michel.
- Trois couteaux garnis d’argent.
- Une boitte pour tenir les osties, appartenant à la sacristie, qui manque depuis sinq ou six ans.
- Tout le linge de la maison est une partie de fauvelle comune.
- Il ne say fait aucune réparation ou bien peu de chose.
- La sacristie est actuellement sans linge et il y manque presque de tout.
- Au surplus trois ou catre garniton de lit, enfin tout jusqu'à une cheminée de boissaye travailliée en esculture en nombre de tablaux.
- Un orloge fait en espèce de pandulle.
- Et un nombre infini d'autres choses.
(Archives départementales du Gard.)

N. Dupuy de Montbrun.

Années 1761 à 17...?

Année 1761

Sa nomination.

Cette abbesse fut placée à la tête du monastère de Notre-Dame-de-Valsauve à Bagnols, par nomination royale, datée du mois d'avril de l’année 1761. (Louis XV)

Des danses à Valsauve.

Ce fut sous l’administration de cette abbesse que se passèrent à Valsauve les actes de laisser-aller. Voici à quelle occasion et dans quelles circonstances ils se produisirent.

Plusieurs villages, rapprochés entre eux, entourent l'ancien monastère de Valsauve; chacun de ces villages possède un ou plusieurs châteaux ou campagnes importantes, habités, du moins en été, par leurs propriétaires. A l’époque où l’abbesse de Montbrun gouvernait Valsauve, les habitants de ces diverses demeures seigneuriales menaient joyeuse vie et ne dédaignaient pas les amusements.
Ils aimaient la société, entretenaient entre eux des relations de bon voisinage et rendaient volontiers leurs devoirs aux dignitaires de l'Eglise qui venaient dans le pays: c'était une occasion de se distraire. Quand Madame l'abbesse de Bagnols arrivait à Valsauve, ils ne manquaient pas de lui faire visite.
L'abbesse de Montbrun était grande dame; elle les accueillait bien. On causait, on discourait, comme on savait le faire dans les salons de cette époque, c'est à-dire avec entrain, esprit et politesse.
On s'occupait des questions d'art, de littérature et de science. Plusieurs connaissaient la musique et la cultivaient. L'abbesse, parait-il, l'écoutait volontiers. Pour lui être agréables et pour faire passer le temps plus rapidement, on organisa des réunions musicales, on donna des concerts; des invitations furent faites.
Tous les invités n'étaient pas musiciens; tous n'étaient pas non plus d'un âge très avancé. La jeunesse, réunie dans les salons de Valsauve, finit par se mettre en mouvement au son de la musique; la danse était ouverte, personne n'y vit grand mal; l'abbesse ferma les yeux et laissa se renouveler plusieurs fois ces amusements dans sa demeure. Le public n'en fut pas témoin; il ignora le fait, ou ne le connut que d'une manière très vague.

Ce fait n'en était pas moins un indice révélateur du peu de piété de l'abbesse qui le permettait en sa présence et dans son couvent. Evidemment, l'esprit du monde habitait dans cette communauté; elle devait se réformer, en revenant aux règles de la vie religieuse ou disparaître bientôt.

Le XVIII° siècle profita du fruit des travaux entrepris le siècle précédent, mais ne sut ni donner de nouveaux accroissements au mouvement imprimé, ni même conserver les résultats déjà acquis il laissa, au contraire, dépérir insensiblement sa prospérité.

Comme au seizième siècle, l’esprit de ferveur diminua, le zèle de la régularité s'affaiblit, la légèreté du monde pénétra dans cette enceinte. La communauté ne tomba pas, comme autrefois, dans les désordres de l'immoralité et ne donna pas les scandales de l’apostasie ; mais elle ne sut ni pratiquer les grandes et fortes vertus qui sont la gloire la plus pure des couvents, ni demeurer fidèle aux règles de la vie religieuse, qui sont leur principale sauvegarde.

Au lieu de consacrer leur temps au service de Dieu et à l'accomplissement des devoirs de leur saint état ; au lieu de se livrer à la pratique de la prière, de la méditation, du travail, les religieuses s’occupaient de futilités, recevaient de nombreuses et inutiles visites, causaient longuement au parloir et se permettaient même parfois des amusements peu convenables aux personnes de leur profession.

C'est probablement dans le cours de ce siècle que fut pratiquée cette ouverture qu'on voyait, en 1790, dans la grille du parloir de la mère abbesse et que connaissaient très bien les visiteurs attitrés du couvent. C'est par là qu'ils jouaient aux cartes avec les religieuses, dans les réceptions familières de l'après-midi, sinon chaque jour, du moins fréquemment. Le souvenir de ces parties aux cartes s'est conservé oralement jusqu'à nos jours.

Elles poussèrent le laisser-aller encore plus loin ; elles en vinrent jusqu'à permettre la danse dans leur maison. Nous devons dire toutefois, comme circonstance atténuante, deux observations :

1° les faits de cette nature ne se produisirent pas à Bagnols, mais seulement à la campagne de Valsauve ;
2° le public les ignora à peu près complètement et aucun scandale n'en résulta.

Vie du couvent.

Le monastère de Valsauve, à Bagnols, n'avait rien de triste dans son ensemble ; il était bâti avec régularisé et dans de belles proportions; les salles étaient vastes, les différentes pièces bien distribuées, le tout proprement tenu. Le jardin de récréation ne manquait ni d'étendue pour se promener, ni d'élégance dans sa disposition. La clôture n'était nullement sévère ; l'aristocratie de la ville de Bagnols et des cités voisines avait un accès facile auprès des religieuses. On raconte même qu'à la fin de ce siècle, il existait dans la grille du parloir de la mère abbesse une ouverture suffisante pour permettre aux visiteurs attitrés du couvent, de jouer aux cartes avec les religieuses, et qu'on se donnait, sinon tous les jours, du moins fréquemment, cette paisible et inoffensive, mais un peu mondaine distraction. Nous ignorons à quelle époque remontait l'introduction de cet usage dans la communauté de Valsauve : il est certain qu'il subsista jusqu'à la disparition du monastère.

Le régime de la table ne devait pas, non plus, être des plus austères ; les tempéraments les plus délicats, aussi bien que les goûts les plus variés pouvaient le suivre sans efforts. Nous n’avons pas trouvé le registre des dépenses journalières de la communauté ; il aurait renseigné exactement à cet égard; mais l'on connaît d'une manière assez précise le minimum de la somme à laquelle s'élevaient les revenus du couvent de Valsauve.

Thérèse Flore, elle-même, en fit officiellement la déclaration, en 1790 que nous publierons ci-après.

L'abbesse disposait au moins de sept mille livres, qui pouvaient être employées uniquement aux dépenses de nourriture et d'entretien de quelques religieuses. Il est évident qu'avec pareille somme, relativement considérable pour l'époque, il était facile de pourvoir largement aux frais de l'office et du vestiaire, sans laisser dans la souffrance les œuvres de charité ou autres qui s'imposent d'elles-mêmes, ou par suite des circonstances. Il est donc à présumer que, sans courir après le superflu du luxe, on ne devait pas toujours s'en tenir aux rigueurs du strict nécessaire.

Si dans le couvent de Notre-Dame-de-Valsauve l'existence était douce, le séjour agréable, les relations avec l'extérieur faciles, trop faciles peut-être, la piété n'était pas dépourvue de légitimes satisfactions. Indépendamment de l'observation de la règle, qui est le premier moyen extérieur de sanctification dans la vie monacale, et que toute religieuse peut toujours suivre malgré le relâchement de la communauté; Bagnols possédait d'autres ressources précieuses.

Le couvent avait son chapelain ; l'église paroissiale était desservie par une association de prêtres distingués, — les Joséphites de Lyon, qui furent aussi chargés de la direction de son collège; les religieux Carmes et les Franciscains avaient un couvent dans la même ville; et tous, prêtres réguliers et séculiers, mettaient leur zèle au service des âmes, qu'elles fussent appelées à vivre dans le calme de la retraite, ou forcées de rester au milieu des agitations et des embarras du monde.

Les prédicateurs étrangers qui prêchaient à Bagnols les stations de l’avent ou du carême, et à l'entretien desquels le monastère était obligé de concourir pour une certaine somme, ne devaient pas quitter la cité sans aller porter au couvent le tribut de leur parole et ranimer ou réveiller les sentiments de ferveur religieuse. L'église même du couvent, où ces prêtres, ces religieux, ces missionnaires apparaissaient de temps en temps, soit à l'occasion des cérémonies qu'on y célébrait, soit pour y publier les conseils de la perfection évangélique, était propre à exciter, par ses décorations et son recueillement, l'esprit de piété. Des peintures à fresque ornaient ses murs et élevaient les affections du cœur vers Dieu ; on en voit encore un spécimen sur la voûte de la petite chapelle qui reste de l'ancien édifice. C'est dans ce couvent, riche en toutes sortes de ressources, et pour le corps et pour l'âme que Thérèse Flore de Seguins de Piegon entra et fit profession de vie religieuse.



Thérèse Flore de Seguins Piegon.

Années 1773 à 1790. Elle fut la dernière abbesse du monastère de Valsauve

Année 1761

Origine de cette abbesse.

Thérèse Flore de Seguins Piegon termina cette magnifique et longue chaîne de supérieures dont nous avons trouvé les différents anneaux, reliés entre eux, sans presque aucune solution de continuité, à travers l'espace de près de six siècles. Par suite d'une série d'événements multiples et variés, la vie de cette abbesse résuma l'ensemble des situations les plus diverses de ses devancières dans le gouvernement du couvent de Notre-Dame-de-Valsauve. Elle eut, tour à tour, le calme et la tranquillité des époques paisibles ; la ferveur des beaux jours de la piété ; les douleurs amères de la persécution et de l’exil, sans avoir su échapper à certains reproches de relâchement dans les devoirs de la vie religieuse.

Thérèse Flore naquit à Visan, petit bourg faisant aujourd'hui partie du canton de Valréas, dans le département de Vaucluse, et dépendant autrefois de l'évêché de Saint-Paul-Trois-Châteaux. Sa famille occupait un rang honorable dans la contrée. Son père, André de Seguins de Saint-Martin, coseigneur de Piegon, était enseigne des galères du roi. Il s'était marié, en 1713, avec Marie- Thérèse de Seguins de Mirmande. Leur mariage s'était célébré à Visan même, dans la chapelle des pénitents blancs ; le ciel le bénit : sept enfants naquirent de cette union. Deux embrassèrent la vie religieuse: Claire entra chez les Ursulines de Bollène, et Thérèse Flore se fit Bernardine dans le couvent de Valsauve, à Bagnols.

Thérèse vint au monde, le 21 mai de l’année 1729, et fut ondoyée (baptisée en urgence par un proche), dans la maison paternelle, le lendemain de sa naissance, par permission de l’évêque du diocèse. Les cérémonies du supplément du baptême se firent le 8 du mois de novembre suivant.

Son entrée en religion.

Thérèse manifesta de bonne heure des sentiments de piété, partagés d'ailleurs par les divers membres de sa famille. Son père avait trois frères prêtres et six sœurs religieuses !

C'est au milieu d'une atmosphère de vertus qu'elle fut élevée. La vue du cloître n'eut rien d'effrayant pour sa jeunesse ; ses tantes lui paraissaient si heureuses derrière les barreaux de leurs grilles !
Aussi quand vint l'heure de se décider entre le monde et le couvent, son choix fut bientôt fait. Cependant au lieu de suivre sa sœur Claire chez les Ursulines de Bollène ou d'aller se joindre à quelqu'une de ses tantes dans les divers couvents qu'elles habitaient, Thérèse préféra le monastère des Bernardines de Notre-Dame-de-Valsauve et se dirigea vers la ville de Bagnols.
Elle trouva dans cette communauté des ressources nombreuses pour la piété et le bienêtre matériel, qu'on savait, à cette époque, allier avec les austérités de la vie religieuse pour en tempérer les rigueurs.

Nomination à l’Abbaye.

Elle avait passé dans cette maison plus de vingt ans, soit comme simple religieuse, soit comme conseillère ou assistante, quand elle devint abbesse de Notre-Dame-de-Valsauve. Le brevet du roi (Louis XV) qui la pourvut de ce bénéfice, porte la date de l’année 1773.

Thérèse Flore connaissait parfaitement la situation du monastère sous tous les rapports, et au point de vue de l’esprit qui l'animait et dans les ressources matérielles qu'il possédait. Il ne lui fut pas difficile d’en prendre la direction et d'en gérer sagement les intérêts.

Actes d'administration.
Louis XV.
Louis XV.

Il est à croire qu'elle fit cesser le désordre de la danse, si déjà sa devancière n'avait pas apporté la réforme sur ce point. Bien que cet abus se fût introduit à la campagne, de manière à ne pas attirer l'attention, il était trop contraire à l'esprit religieux pour être longtemps toléré. La réforme était facile et dut s'opérer sans obstacle ; les visiteurs qui se rendaient à Valsauve ne purent que l'approuver.

Il est regrettable que Flore n'ait pas apporté, contre d'autres abus, la même attention et la même réforme.
Une certaine classe de la société se rendait assidûment dans les parloirs du monastère de Bagnols, et faisait perdre aux religieuses des heures qu'elles auraient pu mieux employer, qu'en conversations inutiles. Toutefois la conduite de l'abbesse ne doit pas trop surprendre. Il est bien difficile à une supérieure, qui n'est pas douée d'un caractère énergique, d'échapper aux visites des gens dont toute l'occupation est de perdre leur temps et de le faire perdre aux autres : et la classe des désœuvrés se trouve dans tous les pays.
D'ailleurs, Flore avait passé sa vie dans ce milieu, et comment réagir contre des habitudes suivies pendant de longues années ? Alors même que ces habitudes ont pu choquer, dans le principe, on s'y familiarise avec le temps et l'on finit par n'y rien découvrir de répréhensible.

La clôture laissait aussi beaucoup à désirer : ses barrières n'étaient pas infranchissables. Flore visitait, de temps en temps, la campagne de Valsauve, berceau du monastère ; et pendant son séjour dans cette solitude, elle ne gardait pas une retraite rigoureuse. Bien qu'elle eût dans la maison une chapelle convenable, elle se rendait parfois aux offices dans l'église de Verfeuil.
On raconte encore aujourd'hui (1885) ses courses au village, et l'on signale comme preuve de la grande autorité de l'abbesse de Valsauve, que lorsque Madame l’abbesse allait à l'église, le curé de la paroisse « ne commençait jamais sa messe, même la paroisse étant rassemblée, avant que Madame l'abbesse n'eût pris place dans la chapelle à elle réservée » (Notice historique sur le prieuré de Saint Théodorit de Verfeuil, par le chanoine Roman Manuscrit, page 6).
Cette marque de déférence n'a rien qui doive surprendre. L'abbesse était dame de Verfeuil et de Valsauve. Le prieuré lui-même dépendait de son abbaye : le prêtre chargé du service religieux de la paroisse était nommé par l'évêque d'Uzès, sur la présentation de Madame l'abbesse ; le traitement du curé et du vicaire de ce village était fourni par le monastère : le curé recevait 750 livres et le secondaire 350.

Toutefois les apparitions de l'abbesse à l'église de Verfeuil étaient rares, et ne se produisaient que dans des cas extraordinaires : elle s'y rendit après sa nomination de supérieure, pour prendre possession de son prieuré ; on la vit encore pour la fête de Saint-Théodorit, patron de cette paroisse, ou pour quelque autre grande fête : elle profita de son séjour à Valsauve, à l'époque de ces solennités religieuses, pour se montrer à ses vassaux et rappeler, par sa présence dans l'église du village, ses droits de dame de Verfeuil.

Thérèse Flore fit d'autres visites pendant son supériorat. Nous la trouvons, le 20 juin 1776, à Pernes, dans le Comtat-Venaissin. Les registres de catholicité de cette ville nous apprennent qu'à cette date, l'abbesse de Bagnols remplissait l’office de marraine, et tenait sur les fonts du baptême, Marie-Anne Bibiane de Seguins de Cabassole, sa parente.

Le monastère de Valsauve avait aliéné, en 1752, l'ancien domaine de Topian, dont la possession remontait aux premiers jours connus de la communauté et lui rappelait la sympathie et les bienfaits d'un roi de France et d'un évêque d'Uzès. D'autres aliénations furent faites, vers la même époque. Sous l'administration de l'abbesse Thérèse Flore, on continua la vente des propriétés. Le domaine de Seynes, parvenu au couvent de Valsauve depuis plus de trois siècles, par l'union du monastère des Angustrines, fut mis en adjudication.

Les supérieurs ecclésiastiques avaient autorisé, peut-être même prescrit cette mesure; le sénéchal de Nîmes en régla les conditions et en fit remplir les formalités.
En 1782, Antoine Joyeux acquérait le fief des Angustrines. Le couvent se réserva, comme souvenir de son ancienne possession, un droit d'albergue sur ce domaine. Indépendamment de la somme fixée par l'adjudication, le nouveau propriétaire devait donner, chaque année, à madame l'abbesse de Bagnols, une croix abbatiale d'or, du prix de cent livres. Dans l'aliénation de certains droits sur le village de Verfeuil, le monastère avait fait une réserve du même genre.
L'acquéreur payait annuellement, comme droit d'albergue, un éperon d'or, évalué à soixante dix-huit livres.

Ces ventes furent, sans doute, opérées pour éteindre des dettes et délivrer le couvent des ennuis d'une situation obérée. D'autres motifs purent déterminer à prendre cette résolution. Des grondements sourds et profonds contre l'état social et religieux se faisaient entendre. Des menaces de spoliation étaient proférées contre les couvents ; la cupidité convoitait leurs fortunes ; la marche et le mouvement général des esprits ne laissaient que trop entrevoir un avenir peu rassurant.

Plusieurs évêques avaient jeté le cri d'alarme et signalé le danger. Thérèse Flore, comme la plupart des abbesses de cette époque, eut la sagesse de tenir compte de ces avertissements et de mettre en bon ordre les affaires de son monastère. Aussi lorsque, huit ans plus tard, le gouvernement fit dresser l'état de fortune des maisons religieuses situées en France, on trouva satisfaisante la situation des établissements dirigés par des femmes, ils n'avaient aucune ou presque aucune dette, tandis que le contraire se remarqua dans les communautés gouvernées par les hommes.

Thérèse Flore ne négligea pas la situation intérieure de son couvent. Au contraire, plus l'horizon de l'avenir s’assombrit et annonça l'approche de la tempête, plus ses efforts et son zèle redoublèrent d'ardeur et d'activité. La règle fut chaque jour mieux observée ; les exercices de piété, accomplis avec plus de ferveur ; les actes de vertus, plus multipliés. Son cœur prouva, par des largesses, souvent renouvelées envers les malheureux, que la fortune ne pouvait être mieux placée que dans des mains religieuses.

En ces temps troublés un certain vide existait dans le personnel religieux du couvent de Notre-Dame-de-Valsauve, ainsi que l'absence de vocations pour cette communauté.

Cette situation préoccupa vivement l’abbesse ; elle aurait voulu la changer et voir augmenter le nombre de ses compagnes, afin que Dieu comptât dans sa maison, un plus grand nombre de fidèles servantes et d'âmes généreuses vouées au sacrifice. Ses désirs, comme ses efforts, échouèrent. Les menaces qui grondaient contre le trône et l’autel, grandissaient chaque jour.

On prévoyait, à brève échéance, une persécution générale, dans laquelle les couvents seraient les premières victimes. Les familles ne tenaient pas à exposer leurs enfants à des malheurs prévus : le couvent de Valsauve resta presque vide de religieuses ; celles qui l'habitaient devaient même bientôt disparaître, sous les coups de l'orage révolutionnaire qui allait éclater.

Etat des lieux et des finances l'abbaye

Année 1789

Le 18 novembre 1789, le roi Louis XVI, poussé par les événements qu'il n'avait su ou pu maîtriser, avait porté un décret réclamant, des couvents, une déclaration de tout ce qu'ils possédaient. C'était le premier pas fait vers la spoliation. Thérèse Flore n'en mit pas moins la main à l'œuvre, pour exécuter l'ordre du roi.
Son travail fut fait avec soin, exactitude et en détail ; il était terminé au mois de janvier suivant. Elle fit prévenir le maire de Bagnols qui avait mission de recevoir cette pièce. Le 28 février de l'année 1790 le maire de cette ville, M. de Broche de Vaux, se rendit au couvent des religieuses de l'abbaye royale de Bagnols; il était accompagné de son secrétaire, greffier de la commune, Bertrand, qui devint plus tard célèbre comme accusateur public, devant le tribunal révolutionnaire de Nîmes.
Le couvent avait plusieurs parloirs ; ils furent reçus dans celui d'en haut, où comparut très révérende dame Thérèse-Flore de Seguins de Piegon, abbesse de l'abbaye royale de Bagnols, prieure de Verfeuil, Seynes, Saint-Cyr-les-Maransan.

Elle remit la déclaration dressée par ses soins, affirma que son travail était exact et qu'aucun titre, papier et mobilier de son abbaye n'avait été soustrait. Elle fit observer néanmoins quelle savait, par la tradition et par des notes anciennes, que les titres et papiers de son abbaye, jadis à Valsauve, furent incendiés au treizième siècle. Deux sœurs de chœur l’accompagnaient : c'était toute la communauté restante avec une sœur converse.

Le maire de Bagnols donna à Madame l’abbesse, acte de sa remise et de ses déclarations.

Déclaration des biens, titres, revenus et charges de l’abbaye de Valsauve, faite par l’abbesse de ce monastère, le 28 février 1790.

« Du 28 février 1790, par devant nous M. de Broche de Vaux, maire de la ville de Bagnols, et dans le parloir d'en haut de l’abbaye royale de la ville de Bagnols, écrivant M. Bertrand, secrétaire greffier de la commune, est comparue très Révérende dame Thérèse Flore de Seguin de Piégeon, abbesse de l’abbaye royale de cette ville, prieure de Verfeuil, Seynes et Saint-Cir-les-Maransan, qui nous a requis acte de la remise qu'elle nous fait de sa déclaration des biens mobiliers et immobiliers, titres et papiers revenus et charges de son abbaye, en date du 28 du mois dernier, en exécution des lettes patentes de sa Majesté, du 18 novembre dernier, affirmant que ladite déclaration est véritable et qu'elle n'a aucune connaissance qu'il ait été fait directement quelque soustraction des titres, papiers et mobiliers de ladite abbaye, observant néanmoins autant que de besoin, qu'elle sait par tradition et même par des notes anciennes que les titres et papiers de son abbaye, jadis à Valsauve, furent incendiés au quatorzième siècle, et a signé.

(Suit la signature) Sr de Seguin Piégeon, abbesse de Bagnols.

Nous maire avons donné acte à ladite dame abbesse de Bagnols de ses comparutions, remise, déclaration et affirmation d'ycelle, ordonné qu'elle sera transcrite immédiatement après le présent, pour y avoir recours au besoin, attendu que l'original doit être envoyé à l'assemblée nationale, conformément aux lettres patentes. »

Déclaration des biens mobiliers et immeubles, revenus et charges de l’abbaye de Bagnols, jadis à Valsauve.

Biens immeubles. — Le Monastère et maison abbatiale audit Bagnols, consistant en l'Eglise, bâtiment, cours et deux jardins se communicant l'un à l'autre au moyen d'une voûte sur rue transversale, les dits jardins contenant environ deux eyminées (1600 m²) ; plus un domaine appelé Rouveiran, situé en partie au terroir du dit Bagnols et en partie dans celui de Saint-Gervais, qui est affermé à rente sûre ; plus le domaine et bois de Valsauve, situé au terroir de Verfeuil ; plus une vigne au terroir du dit Bagnols quartier de Cassoule ou Saduran, qui est comprise dans la ferme de Rouveirans ; plus une autre petite vigne, au même terroir, quartier Deleuze dont le produit est si modique que la jouissance en est laissée au jardin de l'abbaye moyennant six corbeilles de raisin à manger.

Vient ensuite le détail du mobilier :

1° à Valsauve ;
2° aux Eglises de Bagnols, Saint Cyr les Maransan, Verfeuil et Seynes ;
3° à la maison abbatiale, dans laquelle se trouvaient deux parloirs. Celui d'en haut (qui paraît avoir été le parloir d'honneur) possédait deux portières, deux rideaux de fenêtres, quatre fauteuils et huit chaises garnies en paille et une garniture de feu: chenet, pelle et pinces.

Aux appartements et chambres, les meubles qui y sont appartiennent à chacune des dames religieuses qui les occupent, de même que les linges de toutes espèces qui servent à leur usage. . . Un tableau au bout du dortoir avec un autel au-dessous et six autres tableaux placés l’un au parloir bas, les autres au chant et à la tribune ; plus la crosse de l’abbesse à la tribune.

Titres & papiers: — - Fondation du prieuré des Augustines du mois de février 1188 et lettres de sauvegarde du roi Philippe, des années 1217, 1293(1) et 1303;
- dénombrement du 16 mars 1539 ;
- achat de maison et jardin à Bagnols en 1388, autre de 1433 et 1710, et quittances du prix de ces acquisitions de 1389, etc. . . 1636.
- Bulle du pape Clément de 1310 ;
- hommages du 22 décembre 1778;
- dénombrement du 5 mars 1781 ;
- verbaux de proclamations juridictionnelles à Valsauve de 1776-1781-1784 et 1785.
- Rumittif de la juridiction de Valsauve du XV° et XVI° siècle.
- Quatre parchemins d'ancienne écriture concernant la juridiction de Valsauve ;
- six Bulles de Notre-Saint-Père le Pape, relatives aux exemptions et privilèges de l’ordre.
- Plantations de bornes formant la séparation du terroir de Valsauve et de celui de Fontaresche.
- Extrait informe d'une transaction de 1432 touchant les limites dudit Valsauve avec le terroir de Saint-Marcel ;
- quatre parchemins concernant le fief du vicomte d'Uzès inféodé à l’abbaye.
- Bulles en parchemin concernant les prieurs et dîme de Seynes ;
- autres trois parchemins de 1320 et 1470 relatifs à la dite dîme;
- transcription en parchemin de 1454, touchant la dîme de Verfeuil ;
- autre de 1506 concernant les limites de Verfeuil d'avec celles de Saint-André ;
- Transcription du 10 may 1454 au sujet de la dîme deministrol à Vénéjan ;
- compromis et sentences arbitrales de 1498, au sujet de la dîme entre le prieur de Saint-André et le prieur de Verfeuil.
- Terriers de Seynes, Brouzet et autres lieux de 1554-1639-1710-1729 et 1788;
- Sommaires de reconnaissances de Saint-Marcel, de 1339-1499-1710-1730-1745 et 1776 ;
- celles de Bagnols sont comprises tantôt au terroir de Sabran et tantôt à celui de Saint-Marcel ;
- contrat de l’inféodation des directes de l’abbaye, à Verfeuil, passé au sieur de Bruneaud d’Ornac, le 6 décembre 1788, à suite de l'adjudication d’autorité du Sénéchal de Nismes ;
- copie de l’inféodation du domaine des Augustines à Seynes, adjugé au sieur Antoine Joyeux, par appointement du Sénéchal de Nimes, du 28 octobre 1782;
- plus la vente judicielle d'un bois appelé Roquepepiere, faite au sieur de Brunaud d'Ornac, le 2 février 1750, au prix de 1500 livres ;
- plus un extrait de la quittance des intérêts de ce principal, au sieur de Brunaud d'Ornac, le 15 novembre 1781 ;
- plus divers parchemins en rouleau ou feuilles de différentes dates des XII, XVI et XV° siècles dont plusieurs sont cottes inutiles. . .
- enfin quelques liasses de papiers concernant des contestations anciennes depuis longtemps terminées, papiers qui sont inutiles, excepté pour donner quelques renseignements sur certains objets dont ils font mention.

Nota. — Les beaux à ferme et autres actes relatifs aux revenus de l’abbaye ont été remis et déposés aux municipalités de chacun des lieux où sont situés les biens, en exécution de la proclamation du Roi, du 27 décembre dernier, touchant l’imposition ordonnée

Revenus
01 Le domaine de Valsauve est affermé aux prix et rente annuelle de ...
Et le fermier doit faire et porter à l'abbaye de Bagnols 200 quintaux de bois à brûler, pris sur le dit domaine
3.150 liv.
02 Les bois du dit Valsauve qu'on exploite en coupes réglées ont donné, dans un espace de 20 années, un produit total qui, reparti sur chacune des dites années, forme un revenu annuel de ... 505 liv
03 Le domaine de Rouveiran est affermé au prix annuel de ...
Et sous les autres (charges) de douze douzaines d'œufs, 12 poulets gras et 6 journées de voiture.
1 325 liv.
04 La dîme de Verfeuil est affermée au prix de...
Et sous les autres ; de deux eyminées de pois chiches et de six quintaux de paille que le fermier délivre au Curé.
2.700 liv
05 La dîme du prieuré de Saint-Cyr-les-Maransan est affermée pour l’année finissant à Pâques prochaines
Et l’autre de douze faix de paille.
1.400 liv
06 La dîme du prieuré de Seynes et les censives au dit lieu avec les 3/4 des lods sont affermées
Le quart de lods réservé peut donner, une année composant l'autre, environ
1.200 liv
3 liv
07 Les censives et lods de Saint Marcel donnent, une année dans l’autre et en formant l’année commune sur dix, la somme d'environ, 140 liv
08 Les censives, pensions et lods à Bagnols produisent annuellement 13 à 15 livres sur quoi il faut distraire les frais de recouvrement. 14 liv
09 L'albergue d'un esperon d'or évalué à 78 livres, provenant de l’inféodation faite des directes de l’abbaye à Verfeuil 78 liv
10 L'albergue d'une croix abbatiale d'or évaluée à 100 livres, provenant de l’inféodation faite du domaine des Angustrines à Seynes 100 liv
11 Les censives et lods à Sabran, donnent une année comportant l’autre, un revenu annuel d'environ 25 livres, sur quoi il faut déduire les frais de recouvrement 25 liv
12 Une rente ou pension de 150 livres provenant de la vente qui fut faite en 1748 au sieur Broche Devaux, du domaine de Toupian, terroir de Verfeuil et de Goudargues, lequel domaine a été revendu à la dame Calvet, veuve Gentil, en 1773 150 liv.
13 Une rente de pension 120 livres au principal de 2.400 fr. établie sur le clergé de France, lors de l'emprunt fait en 1782 120 liv
14 Une rente de pension de 180 livres, supportée par le diocèse d'Uzès 180 liv
15 Une rente de 75 livres provenant du prix de la vente judicielle faite au sieur de Brunaud d'Ornac, du bois de Roquepepierre, d'autorité du Sénéchal de Nîmes, le 2 février 1750 75 liv
16 Une rente de 50 livres, au principal de 1.000 livres, due à l'abbaye par le sieur Fabre de Remoulins, suivant l'acte du 9 mars 1741 50 liv
TOTAL DES REVENUS 11.215 liv.
Charges
01 La dîme payée chaque année à Uzès se portant à ... 654 liv. 4 s
02 Les tailles à Bagnols
plus 4 livres de capitation pour domestiques de 4 liv. l'abbaye, plus pour taille au lieu de Saint-Gervais 12 livres 7 sols
plus 1 livre 13 sols 6 deniers pour 20e de maison
et pour censives à Monsieur frère du roi, seigneur du dit Bagnols,
22 liv. 16 s
12 liv. 7 s
1liv.13s.6d.
10 sols 7 d
03 Pour la cotte part de l'abbaye à la rétribution du prédicateur du Carême et de l'Avent à Bagnols 27 s. 10 d.
04 De la portion congrue du curé de Verfeuil, menues dépenses culinaires comprises 780 liv.
05 Pour id. du vicaire du dit Verfeuil. 350 liv.
06 id . du curé de Seynes et menues dépenses, 730 liv
07 4 salmées (25 ha) seigles et une poumoule pour aumônes ordinaires et d'usage, en faveur des pauvres du dit Verfeuil, montant l’année dernière à 135 liv. 5s.
08 En grains ou argent pour les pauvres de la paroisse de Seynes 18 liv
09 Pour réparations d'entretien aux églises de Verfeuil et de Seynes 100 liv
10 Pour les aumôniers de l’église du monastère et de celle de Saint- Cyr à Maransan 342 liv
11 Pour redevances annuelles à la maison royale de Saint-Cyr 108liv 7s 6d.
12 Pour contributions, impositions de l’ordre de Cîteaux . 57liv 17s 6d.
13 Pour gages des domestiques de l’abbaye. 337liv.
14 Id. du jardinier 120 liv.
15 Id. du garde bois de Valsauve 72 liv.
16 Id. du clerc employé à servir la messe du monastère 18 liv
17 Pour entretien, décoration et luminaire 400 liv
18 Pour réparation d'entretien aux bâtiments du monastère et des métairies de Valsauve, et de Rouveiran, une année comportant l'autre 400 liv
09

"Enfin, j'ai à fournir aux dépenses de nourriture et entretien de la Communauté qui, moi comprise, est composée de trois religieuses de chœur et d'une sœur converse, ainsi qu'à la nourriture des domestiques de la maison. — Etant au surplus observé qu'à raison des décimes payés à Uzès, la dite dame abbesse se retient ou a droit de se retenir une somme de 18 livres sur la portion congrue de chacun des curés de Verfeuil et de Seynes."

Total des charges : 4.691 liv. 11 s. 6d.

Fait et dressé au dit Bagnols dans la maison abbatiale, ce 28 février 1790.

(Signé) : Sœur de Seguin Piegon, abbesse de Bagnols.

Rapport officiel relatif à l’étendue et à la valeur de la propriété de Valsauve,
situé sur la commune de Verfeuil.

Année 1790.

Premièrement, Madame l’abbesse du couvent de Saint-Bernard de Bagnols, pour une église, maison, greniers à foin, écuries, bergeries, cour, jardin, haire, pré, terres, bois, rouvières (plantation de chêne rouves) et hermes (terre incultes), le tout contigu et joignant ensemble, au quartier appelé Valsauve, terroir de Verfeuil, confrontant du levant en quatre endroits formant autant d'équaires, le territoire de Saint Marcele-Carreiret, une pièce de terre du nommé Brunel une autre du nommé Blazy et une autre de M. de Ville Perdrix ; du couchant par deux équaires les bois et les terroirs de Saint-Laurent de la- Vernède, de Fontarèche et de Verfeuil ; de bise les bois et pactus (plantations) du dit Verfeuil, Jean Védrine, Etienne Broche et Joseph Guiraud , et du midi les dits bois et pactus du dit Saint Marcel, ceux du dit Saint-Laurent et ceux du dit Fontarèche, contenant en tout six cents salmées.(384 ha)

Appréciation et fixation de l’allivrement des dits fonds et maison, comme suit : contenant, le bâtiment en couvert 280 cannes (560 m²), en cour 371 cannes (750 m²), en terre labourive (terre labourable) 118 salmées (75 ha) en bois taillis, rouvière et hermes 482 salmées (22 ha) ; estimé, savoir : la canne de couvert à raison d'un denier la canne pour ce qui est de la maison habitée, maille pour le couvert des granges et palliers et obolle pour la canne de cour. Et pour la terre labourive, 30 salmées de la première limite, 60 salmées de la deuxième et les 28 salmées restantes à la dernière limite. Et les 482 salmées restantes qui sont en bois, rouvière et hermes à la limite d'un sol qui est la troisième et dernière limite ; apprécié et allivré tout l'entier domaine la somme de 38 liv. 17s 5 deniers obolle.

Spoliation et expulsion.

L'œuvre de spoliation avançait peu à peu. Le gouvernement possédait des renseignements précieux dans la déclaration des supérieurs des communautés; il fit procéder à l'évaluation de leurs propriétés. Ce travail d'évaluation, — en ce qui concerne les biens du couvent de Valsauve, situés dans la commune de Verfeuil, — se terminait le 20 juin 1790.

Enfin arriva le moment de l'expulsion. Sous prétexte de rendre aux religieuses une liberté qu'elles ne réclamaient pas, et dont elles ne voulaient même pas, elles furent chassées de leur demeure, jetées à la rue et bientôt poursuivies comme des malfaiteurs. Pour calmer un peu l'indignation publique, soulevée par de tels procédés, on leur alloua d'abord une pension de retraite, qui fut bientôt supprimée, pour châtier leur incivisme. Plusieurs religieuses appartenant à d'autres communautés voisines de Bagnols, furent guillotinées ; elles n'avaient pas voulu cesser de servir Dieu !

Thérèse Flore eut la douleur d'être séparée de ses chères compagnes, éloignée de l'église où elle avait prié avec tant de ferveur, et chassée de son béni monastère, et cela, au moment où la vieillesse arrivait.

A l'âge de plus de soixante ans, elle fut obligé de chercher, pour ses derniers jours, un asile au milieu du monde qu'elle avait quitté dès l’enfance. Ainsi le voulait la Liberté.

Suppression du couvent.

Le couvent de Notre-Dame-de-Valsauve, dont l’existence fut si pieuse à ses premiers jours, si édifiante dans l’ensemble de sa durée, disparut ainsi d'une manière glorieuse : il finit au milieu de la tourmente révolutionnaire qui renversa toutes les institutions catholiques de !a France ; et la dernière de ses abbesses, Thérèse Flore de Seguins Piegon, fut emportée par le flot destructeur, mais sanctifiant de la persécution religieuse.

L’abbaye des Bernardine de Valsauve à Bagnols aujourd’hui.

La maison habitée par ces religieuses, à Bagnols, se distinguait par l'étendue, la régularité et l'élégance des constructions. La porte d'entrée est remarquable par deux colonnes torses et des pilastres d'un effet imposant. Cette maison fut vendue, sous la révolution, comme bien national.

Porte entree

Les sœurs du Saint-Enfant- Jésus, dites de Saint-Maur, en possédaient en1885 une partie; elle est située dans la rue Crémieu (Poulagière), presque en face de l'ancien hôtel des ducs de Melfort, successeurs des d'Audibert de Lussan.

Cours interieure

Sa façade intérieure se développait sur un vaste jardin d'agrément. Son église était richement décorée ; il ne reste de cet édifice religieux qu'une petite chapelle dont la voûte est garnie d'une peinture murale qui n'est pas sans mérite. Cette voûte est à arêtes, et dans chacun des quatre caissons qui la composent est représenté un des quatre évangélistes.

La nef fut abattue et fit place à des magasins au rez-de chaussée et à des chambres dans la partie supérieure.

Les dames de Saint-Maur ont fait disparaître une partie de ces constructions pour rétablir la chapelle, mais elles n'ont pas donné à cet édifice religieux le caractère architectural qu'il possédait jadis : leur église est une salle presque carrée, à plafond élevé, proprement tenue, pourvue d'un jour suffisant ; elle n'a aucune valeur artistique.

Elle abrite aujourd’hui le Centre d’Art rhodanien Saint Maur.

Plaque Porte entree



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Suite : PARTIE II - Histoire des Mères Supérieures à Valsauve
Suite : PARTIE III - Histoire des Abbesses à Bagnols
Suite : PARTIE IV - Le XVIII° siècle débute par un nouveau massacre à Valsauve
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